Pour mieux comprendre l'actualité globale, nationale et internationale sur les mutations de la sécurité
et de la défense, les nouvelles menaces et défis sécuritaires, la cybersécurité et
la cyberdéfense, les enjeux des technologies clés, la protection des données,
les facteurs humains et technologiques.
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dimanche

L’Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice se transforme


L’Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice se transforme, intégrez la promotion 2020 !

Le 4 octobre 2019 a été annoncée une transformation et une réorganisation de l'INHESJ : établissement public rattaché au Premier ministre, il sera à compter du 1er janvier prochain intégré au ministère de l’Intérieur qui reprendra ses missions de formation afin de continuer à préparer les cadres des secteurs public et privé à l’exercice de leurs responsabilités.
C’est désormais en lien étroit avec le Centre des Hautes Études du ministère de l’Intérieur (CHEMI) que seront dispensées les formations de l’INHESJ, formations de haute qualité, en prise avec l'actualité et les réalités de la sécurité, de la justice, de la protection des entreprises, de la gestion de crise ou encore de la cyber-sécurité :

Arrêté du 3 septembre 2020 portant création du service à compétence nationale dénommé « Institut des hautes études du ministère de l'intérieur » : le texte officiel ici.

jeudi

L’INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DE DÉFENSE NATIONALE (IHEDN) ET L'INSTITUT NATIONAL DES HAUTES ÉTUDES DE LA SÉCURITÉ ET DE LA JUSTICE (INHESJ)

Une communication de la Commission des finances,
de M. Michel CANEVET, rapporteur spécial de la mission
« Direction de l’action du Gouvernement »

Dans le cadre de son contrôle budgétaire annuel, le rapporteur spécial a choisi de consacrer ses travaux à deux opérateurs de la mission « Direction de l’action du Gouvernement » traitant de questions de sécurité : l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) d’une part, l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) d’autre part.

Tous deux placés sous la tutelle du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), lui-même rattaché au Premier ministre, les deux instituts bénéficient d’une subvention pour charge de service public, à hauteur de 7,3 millions d’euros pour l’IHEDN, et de 6,1 millions d’euros pour l’INHESJ pour l’année 2020. La suppression de l’INHESJ et la restructuration de l’IHEDN découlent d’une volonté du Premier ministre de rationaliser les petites structures administratives Dans une circulaire du 5 juin 2019 relative à la transformation des administrations centrales et aux nouvelles méthodes de travail, le Premier ministre a appelé l’ensemble des administrations, y compris ses propres services, à mener une réflexion sur les structures administratives de petite taille qui leur étaient rattachées et leur a demandé de justifier le maintien d’entités dont la taille était inférieure à 100 ETP. À la suite de cette réflexion, le Premier ministre a décidé début octobre la suppression de l’INHESJ (69 ETP en 2019) à l’issue des formations en cours et demandé un effort de rationalisation à l’IHEDN (88 ETP en 2019) pour les années à venir.
(...)
A lire intégralement ici : http://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/commission/finances/Syntheses_Rapport/2pages_DAG_IHEDN_et_INHESJ.pdf

mercredi

Que devient l'INHESJ ?

L’Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice se transforme, intégrez la promotion 2020 !

L’Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice se transforme, intégrez la promotion 2020 !
26 juin 2020
Le 4 octobre 2019 a été annoncée une transformation et une réorganisation de l'INHESJ : établissement public rattaché au Premier ministre, il sera à compter du 1er janvier prochain intégré au ministère de l’Intérieur qui reprendra ses missions de formation afin de continuer à préparer les cadres des secteurs public et privé à l’exercice de leurs responsabilités.
C’est désormais en lien étroit avec le Centre des Hautes Études du ministère de l’Intérieur (CHEMI) que seront dispensées les formations de l’INHESJ, formations de haute qualité, en prise avec l'actualité et les réalités de la sécurité, de la justice, de la protection des entreprises, de la gestion de crise ou encore de la cyber-sécurité.

Candidatez maintenant pour la rentrée 2020 :

Vous souhaitez mieux appréhender les grands enjeux de la sécurité et de la justice ainsi que les risques et menaces contemporains et à venir ? Devenez auditeur de la session nationale « sécurité et justice ».
Vous êtes acteurs du monde économique et vous cherchez des clés de compréhension pour une analyse pertinente des situations à risques et la mise en place efficace de dispositifs de prévention et de protection ? Devenez  auditeur de la session nationale « protection des entreprises et intelligence économique ».
Vous souhaitez initier dans votre structure une politique efficace de gestion des risques et de réponse aux crises ? Devenez auditeur de la session nationale « management stratégique de la crise ».
Les candidatures sont actuellement ouvertes !

Notre ami Xavier GIVELET, sympathisant de l'AR14, nommé directeur adjoint de l'INHESJ

Par décret du Président de la République daté du 26 mai 2020, Xavier GIVELET a été nommé directeur adjoint de l'INHESJ.
Originaire du corps préfectoral, qu'il avait choisi à sa sortie de l'ENA en 1990 (promotion Jean Monnet), Xavier Givelet a effectué sa mobilité à l'inspection générale des finances avant d'être nommé chef du bureau des affaires budgétaires au ministère de l'intérieur. En 2002 la DATAR le sollicite pour devenir conseiller résident auprès du ministère de l'Economie de Pologne, dans le cadre d'un projet de l'union Européenne en vue de l'élargissement. Il a ensuite été nommé conseiller du ministre des relations économiques extérieures de Serbie avant de rentrer à la DATAR comme conseiller pour les affaires internationales. Depuis 2006, Xavier Givelet était magistrat financier à la chambre régionale des comptes d'Auvergne-Rhône Alpes. Depuis février 2020, il est également Secrétaire général du Forum d'échanges et de rencontres administratives mondiaux (FERAM) auquel il apporte son expertise dans le domaine des politiques publiques.
Xavier Givelet participera à la définition des orientations stratégiques et à la gouvernance de l'Institut, avec notamment l'objectif de veiller aux bonnes conditions de continuité des activités, en lien étroit avec les équipes du secrétariat général de l'établissement.

PLUS D'INFO

L'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) est un établissement public administratif placé auprès du Premier ministre. Il propose des formations à des hauts responsables des secteurs public et privé, mène des travaux de recherche scientifique et produit des statistiques sur la criminalité et la délinquance. L'INHESJ organise également des conférences et publie trois revues.


ET SUR / https://inhesj.fr/

dimanche

Nouvelles des Instituts...


Allocution d’Edouard Philippe devant les sessions nationales de l’IHEDN et de l’INHESJ : à lire ici.


lundi

INHESJ et IHEDN : c'est la rentrée

Alors que l'Institut des hautes études de la sécurité et de la justice a un nouveau directeur par intérim (décret), les auditeurs des sessions nationales 2019-2020 font leur rentrée.
Claire Landais, secrétaire générale de la défense et de la sécurité nationale, et Frédéric Desaunettes, directeur par intérim de l'INHESJ, ont ouvert les travaux.

C'est la session nationale "Armement et Économie de défense " qui a donné le coup d'envoi des sessions nationales de l'IHEDN, pour l'année 2019-2020, avec sa séance d'ouverture.
Ouverture de la 56e session nationale "Armement et Économie de Défense "
Ouverture de la 56e session nationale "Armement et Économie de Défense " par le GCA Patrick Destremau
 
Le général de corps d'armée Patrick Destremau, directeur de l'IHEDN puis Valérie OCHS, responsable de la session ont accueilli les auditeurs de cette nouvelle promotion (56e) réunie dans l'amphithéâtre Lacoste. Puis, Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation est intervenu devant l'assistance, en tant qu'acteur majeur du secteur industriel de l'armement.
Après un rapide déjeuner, l'ensemble de la promotion s'est envolée pour Perpignan, avant de rejoindre Collioure et le centre national des commandos (CNEC). 

mardi

L’INHESJ repasse le film de plus de 30 ans d’évolutions en matière d’enquête et de sanction

Publié le 12/08/2019 dans le Journal Spécial des Sociétés
Comment se mesure l’efficacité de la sanction ? Comment ont évolué l’administration pénitentiaire
 et l’enquête ? Comment les acteurs de la justice ont-ils vécu ces transformations ? 
Comment les technologies ont modifié leur travail ? Réponses autour de la table ronde 
« prouver et juger » à l’occasion des 30 ans de l’INHESJ.

« Prévenir, protéger, juger : 30 ans de sécurité et de justice » : pour son trentième anniversaire 
célébré en grande pompe à l’Assemblée nationale, l’INHESJ (Institut national des hautes 
études de la Sécurité et de la Justice) organisait le 13 juin dernier une journée de réflexion 
autour de hauts responsables de la sécurité et de la justice, de journalistes et de chercheurs. 
La troisième table ronde de la journée, intitulée « Prouver et Juger » et animée par le journaliste 
Dominique Verdeilhan, était émaillée d’extraits de journaux télévisés. Objectif : revenir sur 
les événements ayant marqué la justice française ces dernières années, pour susciter le débat 
entre Isabelle Gorce, présidente du tribunal de grande instance de Marseille et 
ancienne directrice de l’administration pénitentiaire, Olivier Leurent, directeur de l’
École nationale de la magistrature, François Saint-Pierre, avocat, co-directeur de 
l’Institut de défense pénale, et Patrick Touron, commandant du Pôle judiciaire 
de la Gendarmerie nationale. 


Une administration pénitentiaire « déconstruite » ?

Premier (petit) bond dans le temps : les invités ont pu voir un passage d’un JT de 
France 2 de septembre 2012, qui évoquait la circulaire Taubira cherchant à éviter 
le « tout carcéral » et à promouvoir la probation – un « tournant pour la justice française » 
la qualifiait alors le présentateur. « Après des années de durcissement des peines, 
et alors que l’incarcération était mise en avant comme réponse à la montée de la délinquance, 
Christiane Taubira prend le contrepied, et publie une circulaire envoyée 
à tous les procureurs de France, avec un maître-mot : la prison n’est plus la priorité 
pour les petits délits », annonçait-il. La garde des Sceaux, précisait le reportage, 
ambitionnait de limiter le recours aux peines plancher et de donner 
la priorité aux aménagements de peine. 

Neuf ans après, cela n’a pas manqué de faire réagir Isabelle Gorce. 
Attrapant la balle au bond, l’ancienne directrice de l’administration pénitentiaire 
a souligné que depuis la circulaire, il ne s’était « rien passé », et a estimé que 
ni les peines ni la population carcérale n’avaient diminué. Cette dernière a mentionné 
la loi de programmation de la Justice, portée par Nicole Belloubet et promulguée 
par le président de la République le 23 mars dernier, au sein de laquelle deux dispositions 
ont été votées : une, qui entrera en vigueur en 2020, interdisant le prononcé 
de peines inférieures à un mois, et la deuxième rend de droit l’aménagement de 
toutes les peines inférieures à 6 mois. Ces mesures vont-elles marcher ? 
s’est questionnée Isabelle Gorce. La magistrate s’est montrée dubitative : 
« Je crois que la question de la surpopulation carcérale surplombe et plombe la réflexion 
sur l’équilibre des peines depuis 30 ans. La surpopulation a entraîné une vision négative 
de la vision des peines, et n’a pas permis à l’administration pénitentiaire de développer 
une vraie doctrine sur la prise en charge des détenus », a-t-elle analysé.  

L’ancienne directrice de l’administration pénitentiaire est revenue sur 
« une administration qui a été très chahutée ces 40 dernières années, comme aucune autre », 
avec, pourtant, le sentiment d’en être « toujours au même point », a-t-elle jugé. 
Ainsi, jusqu’en en 1981, l’administration pénitentiaire était sur tous les fronts : 
elle nourrissait, blanchissait, éduquait, soignait ses détenus – une administration totale. 
Mais à partir de 1981, a expliqué Isabelle Gorce, s’est développée une politique 
dite de « décloisonnement ». Toutes les prestations et droits qui ne ressortissaient pas 
aux compétences propres de l’administration pénitentiaire ont été transférés 
aux institutions de droit commun. Une loi de 1994 a parachevé ce décloisonnement, 
en transférant la médecine pénitentiaire au ministère de la Santé. 
« Toute la positivité des personnels pénitentiaires auprès des personnes détenues 
est partie vers l’extérieur, d’autres s’en sont emparés »,a commenté la magistrate. 

Selon elle, la gestion déléguée qui s’est ensuivie a contribué à « désosser encore un peu plus l’administration pénitentiaire », faisant référence à la loi du 22 juin 1987 sur le service public pénitentiaire, qui est venue légaliser la concession à des opérateurs publics ou privés des fonctions autres que celles de direction, de greffe et de surveillance. « Dès les premières discussions sur la gestion déléguée, c’était la privatisation des prisons qui était en jeu. Il a fallu que le Conseil constitutionnel vienne dire que le greffe, la direction et la surveillance des établissements pénitentiaires revêtent des compétences qui ne peuvent être déléguées à des prestataires privés pour que les prisons ne soient pas totalement privatisées en France ». Si Isabelle Gorce a reconnu que la gestion déléguée était par cela dit « une très bonne chose », elle a indiqué que ce phénomène, conjugué au décloisonnement, avait « déconstruit totalement une administration ». 


Individualisation, prévention de la récidive : des progrès réels mais jugés insuffisants

Parallèlement à la transformation de l’administration pénitentiaire, depuis une trentaine d’années, les sanctions pénales se sont largement diversifiées, a rapporté Isabelle Gorce : à l’amende et à l’emprisonnement, s’est ainsi ajouté tout un éventail de peines, à l’instar du fameux Travail d’intérêt général (TIG), institué par la loi du 10 juin 1983, a rappelé la magistrate, ou encore de la contrainte pénale. But de la démarche : prévenir la récidive et individualiser la peine. 

François Saint-Pierre est plus précisément revenu sur l’instauration récente du principe de l’individualisation des peines. En effet, depuis la loi du 15 août 2014, destinée à renforcer l’efficacité des sanctions pénales, le Code pénal prévoit expressément que « toute peine doit être individualisée », et précise que « dans les limites fixées par la loi, la juridiction détermine la nature, le quantum et le régime des peines prononcées en fonction des circonstances de l’infraction et de la personnalité de son auteur, ainsi que de sa situation matérielle, familiale et sociale (...) ». L’avocat a cependant pointé une tendance du juge à prononcer des peines de prison ferme « car les faits sont graves, car il existe également des attentes sociales ».Ce dernier a toutefois constaté devant la Cour de cassation un très grand nombre de décisions d’annulation de décisions de condamnation, justifié « par une mauvaise motivation d’une peine de prison ferme ».

En matière de motivation justement, Dominique Verdeilhan a fait remarquer que depuis peu, la motivation des peines était devenue la règle pour les peines prononcées en cour d’assises, faisant allusion à la décision du Conseil constitutionnel du 2 mars 2018. En effet, l’institution a considéré que « Le principe d’individualisation des peines, qui découle de l’article de cette déclaration, implique qu’une sanction pénale ne puisse être appliquée que si le juge l’a expressément prononcée, en tenant compte des circonstances propres à chaque espèce. Ces exigences constitutionnelles imposent la motivation des jugements et arrêts de condamnation, pour la culpabilité comme pour la peine. »

Olivier Leurent a réagi en arguant qu’il s’agissait d’une « charge supplémentaire de travail », car « cela vise à obliger le magistrat à réfléchir aux raisons pour lesquelles il a recours à un emprisonnement ferme ». Selon le directeur de l’ENM, une des solutions à l’incarcération et au recours systématique à la prison pourrait être de simplifier les sanctions alternatives. « Beaucoup de collègues ont constaté que lorsqu’on veut prononcer une peine qui n’est pas l’incarcération, c’est encore plus compliqué que de motiver une peine d’incarcération, car il faut mettre en place le TIG, l’aménagement de peine… La réponse est encore plus lourde à mettre en œuvre », a-t-il affirmé. 

Isabelle Gorce a pour sa part signalé qu’elle n’était pas d’accord sur ce dernier point, soutenant que le juge de l’application des peines pouvait au contraire mettre en place assez vite un bracelet électronique ou un TIG. La magistrate a néanmoins rejoint Olivier Leurent sur le reste : « En réalité, le problème est que l’on est dans un flux industriel qu’est le système correctionnel : il est effectivement plus simple de prononcer une peine d’emprisonnement ». 

L’ancienne directrice de l’administration pénitentiaire a d’ailleurs avancé à ce titre que les juges étaient « à l’aveugle ». « Ce qui se passe après la condamnation, ce que fait l’administration pénitentiaire, comment celle-ci travaille avec les condamnés ; cela leur passe totalement au-dessus de la tête. Lorsque j’étais à l’administration pénitentiaire, j’ai institué un manuel de prise en charge : il n’y a pas un seul juge des libertés et de la détention (JLD) autour de moi qui l’ait lu. Ce qui se passe lors de la prise en charge est encore globalement ignoré par les magistrats. Or, leur prise de décision est formelle et peu fondée sur tout ce qui se passera "après" pour le condamné. Alors que cela pourrait au contraire être pris en compte au stade du jugement », a-t-elle soutenu, faisant allusion – entre autres – à la méthode RBR (risques, besoins, réceptivité), appliquée par certains conseillers d’insertion et de probation chargés du suivi des détenus, à laquelle la France s’ouvre tout doucement. Un bénéfice lié, selon la magistrate, à la conférence de consensus sur la prévention de la récidivelancée par Christiane Taubira, et dont les conclusions ont été livrées en 2013. Pour l’ancienne directrice de l’administration pénitentiaire, ces dernières constituent « un tournant ».La magistrate a affirmé que cet outil de travail avait apporté « une prise de conscience » selon laquelle la France aurait une quarantaine d’années de retard en matière de criminologie :« On s’est rendu compte qu’on n’avait pas réussi à construire une doctrine en matière de criminologie qui soit l’équivalent de ce qui existe aux USA, au Canada, en Grande-Bretagne ou encore en Belgique »

La magistrate a notamment évoqué le courant du « what works ? » initié au Canada, à l’origine de recherches sur l’efficacité de la réponse pénale et des méthodes de suivi sur la prévention de la récidive. Visant a` e´tablir « ce qui marche, pour qui, et a` quelles conditions », les résultats de ses différents programmes ont mené à une forte diminution de la récidive. 

Pour Isabelle Gorce, il est donc urgent que l’Hexagone s’empare véritablement de ce modèle. « C’est cela qui peut favoriser le retour plus important aux aménagements de peine et au milieu ouvert : une autre manière de s’occuper des condamnés ; ouvrir une perspective sur une prise en charge plus efficace. » 



Magistrats vs administration pénitentiaire

Un constat s’est imposé au fil de cette table ronde : alors que l’administration pénitentiaire et les magistrats sont amenés à entretenir des relations, ils ne sont pas habités par les mêmes préoccupations. Ce qui a assez naturellement amené Dominique Verdeilhan à poser la question : « Y a-t-il deux mondes : les juges et l’administration pénitentiaire ? », a-t-il interpellé ses invités.  

Olivier Leurent a fermement réfuté cette théorie : « Je ne crois pas qu’on puisse parler de deux mondes parallèles, hermétiques l’un à l’autre », a-t-il assuré. Le directeur de l’ENM a ajouté qu’en termes de formation, les auditeurs de justice ont des « séquences en lien direct » avec l’administration pénitentiaire. Ces derniers effectuent en effet un stage pénitentiaire en qualité de surveillants dans une maison d’arrêt afin de découvrir le quotidien carcéral. « Au cours de cette préparation, les futurs magistrats sont confrontés au fonctionnement de l’administration pénitentiaire, à ses problématiques. Ils sont amenés à réfléchir à la question de la prison en France, aux relations que le magistrat doit entretenir avec l’administration pénitentiaire », a développé Olivier Leurent. Toutefois, ce dernier l’a admis : sur le terrain, les choses « peuvent se compliquer par la charge de travail, mais aussi à cause du balancier dans un sens et dans l’autre du pouvoir législatif », a-t-il déclaré, ajoutant qu’au gré des fluctuations des législateurs et gouvernements successifs, le magistrat pouvait se trouver perdu entre les doctrines. « On a le sentiment que notre société n’est pas véritablement claire. Cela peut engendrer en effet quelques tensions, de l’incompréhension », a reconnu le magistrat.  

L’ENM réformée « de fond en comble » après Outreau

Autre vidéo, autre grand tournant dans la justice : Outreau. Dans l’extrait du journal télévisé diffusé le 19janvier 2006 sur France 2, le présentateur évoquait en introduction les avocats des acquittés, qui dénonçaient alors le « manque humanité des systèmes judiciaires » et en dressaient un « tableau accablant ». Dans le reportage, la journaliste mentionnait que ces derniers avaient démonté l’enquête point par point, marquant « absurdité et incohérences ». « Ça n’est pas possible, c’est fou, c’est ubuesque, ça ne tient pas debout, c’est un conte pour enfants dérangés », témoignait un avocat. « Franck Lavier a été renvoyé par la cour d’assises du Pas-de-Calais pour avoir violé son enfant qui n’était pas né. Il suffisait de regarder la date de naissance de l’enfant », s’indignait un autre. 

Olivier Leurent l’a reconnu : toute la chaîne pénale de l’institution judiciaire a été bouleversée par cette affaire ; « Il y a eu un avant et un après Outreau ». 

Au niveau de la formation-même des magistrats, le directeur de l’ENM a relaté que l’École avait été réformée « de fond en comble à la suite de ce cataclysme judiciaire » : introduction d’un psychologue dans le jury du concours d’entrée, mise en place d’une épreuve de mise en situation. Mise en place, également, d’un pôle « environnement judiciaire », dans lequel les modules pédagogiques ont « pour vocation de « faire réfléchir les élèves magistrats sur la prise en compte de l’environnement particulier dans lequel la décision de justice intervient », ou encore d’un pôle « humanité judiciaire », relatif au statut, à la discipline, à la déontologie, et à l’office du magistrat dans ses relations avec justiciable, sa capacité d’écoute, la juste distance qu’il doit entretenir. 

En outre, désormais, les auditeurs de justice doivent effectuer un stage en cabinet d’avocat au début de la formation, qui permet notamment que « les élèves magistrats et avocats échangent sur la représentation de la profession des uns et des autres, car cette affaire démontrait avant tout l’absence de dialogue entre eux », a regretté Olivier Leurent. Par ailleurs, pour « dépasser l’entre-soi », le directeur de l’ENM a mis en avant la diversité des intervenants hors magistrats : psychiatres, psychologues, responsables de l’administration pénitentiaire, économistes, etc. « De plus, nous accueillons à l’École des élèves avocats en stage PPI pendant toute la durée de leur scolarité ».

L’évaluation des auditeurs de justice a également été renforcée, avec des séquences plus nombreuses d’examens, à l’écrit comme à l’oral, afin « d’affiner les compétences professionnelles », a précisé Olivier Leurent. « Aujourd’hui, l’école n’a plus grand chose à voir avec ce qu’elle était avant Outreau », a-t-il assuré.  


Enquête criminelle : du chemin parcouru

La table ronde a également été l’occasion de revenir sur les évolutions en matière d’enquête ces dernières années. Isabelle Gorce a mis en exergue qu’en matière de criminalité organisée et de lutte contre le terrorisme, notamment, les techniques d’enquête étaient « de plus en plus précises et techniques », et avaient « considérablement changé les méthodes de travail ». Notamment pour le juge d’instruction, qui travaille aujourd’hui avec des assistants spécialisés. 

François Saint-Pierre a pour sa part fait état du recours croissant à la méthode d’analyse AnaCrim, utilisée en France depuis 1994 et supportée par le logiciel ANB (Analysa NoteBook, développé par IBM), qui permet d’établir des liens et de recouper les informations dans le cadre d’affaires criminelles complexes. Cette dernière a ainsi relancé récemment, par exemple, l’affaire Grégory. « Tous les cold cases que l’on a : l’affaire Grégory, l’affaire Agnelet, etc., sont des affaires qui, à l’époque, ont été traitées sans ce genre d’outils. Aujourd’hui, elles auraient pu être résolues beaucoup plus rapidement et de manière certaine », a martelé l’avocat. 

Autre révolution : l’ADN. Dans une dernière vidéo issue du journal télévisé de 20h du 22 octobre 2009 sur TF1, le reportage projeté revenait sur l’affaire Grégory. La présentatrice y évoquait les progrès de la police scientifique qui étaient « en train de révolutionner certaines affaires classées », et avaient pour ambition de « faire parler l’ADN pour savoir qui était le corbeau ». 

Patrick Touron, commandant du Pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale, l’a reconnu : cette affaire « est un échec ». Selon le général, elle ne serait d’ailleurs pas devenue une affaire si l’on avait disposé en 1984 de moyens dont on dispose actuellement. « Il y a 30 ans, on n’avait pas recours à l’ADN, qui est aujourd’hui un élément identifiant essentiel. » En effet, il faut attendre la fin des années 80 pour que soit utilisé l’ADN dans les enquêtes criminelles. « Par ailleursà l’époque, on ne protégeait pas non plus les indices, les éléments de preuves. C’était le principe : il n’existait pas de phase conservatoire de protection des données, on ne se disait pas "plus tard, peut-être que l’on pourra en tirer quelque chose" ». Pour Patrick Touron, le gros bouleversement de ces dernières années consiste dans la culture de préservation, en plus de l’exploitation de l’ADN. 

Olivier Leurent a toutefois tenu à nuancer. Le directeur de l’ENM a vécu l’arrivée de l’ADN dans les affaires pénales alors qu’il était juge d’instruction. « À l’époque, on s’est dit que c’était miraculeux, qu’on allait pouvoir élucider un grand nombre d’affaires criminelles, qu’il était la reine des preuves. Puis on s’est rendu compte qu’il fallait distinguer l’ADN nucléaire de l’ADN mitochondrial, que les probabilités d’identification n’étaient pas tout à fait les mêmes, qu’il pouvait y avoir des transferts d’ADN, qu’on pouvait se tromper », a-t-il relativisé. Le magistrat a ainsi évoqué une affaire où il était question d’une attaque de fourgon blindé, et dans laquelle l’élément de preuve principal était l’ADN d’un accusé au niveau des aisselles et du cou sur le gilet pare-balles retrouvé sur le lieu attaque. La défense a argué qu’en effet, il avait pu être relevé de l’ADN sur aisselles, mais a demandé à procéder à la recherche d’autres traces sur le reste du gilet. Résultat, 7 ou 8 traces d’autres ADN ont été retrouvées dans le dos du gilet. Un exemple pour prouver, a indiqué Olivier Leurent, que l’ADN n’est « pas forcément fiable à 100 %, et que la défense peut le remettre en cause. Le juge devra toujours apprécier le contexte dans lequel cette preuve nouvelle s’inscrit. » 

Tout comme, a-t-il indiqué, une image peut être interprétée de plusieurs façons. Le magistrat a ainsi relaté que, dans une affaire, deux caméras installées dans un wagon avaient filmé l’intégralité de la scène. « Pourtant, on a eu beau regarder les films plein de fois, chaque partie pouvait y voir ce qu’elle voulait », a-t-il souligné. 

Le magistrat a également rappelé que dans notre système, la preuve pénale était libre, et a regretté « la multiplication de preuves numériques, qui transfère la charge de la preuve des enquêteurs aux parties, qui vont elles-mêmes apporter leurs éléments ». À l’instar, par exemple, de SMS échangés, « pris en-dehors de leur contexte », a pointé Olivier Leurent. 

Isabelle Gorce a de son côté souligné que si les enquêtes progressent, les délinquants aussi. Ainsi, à Marseille, a-t-elle illustré, de nombreux règlements de compte ont lieu à cause de balises placées sous des véhicules cibles. « Les criminels aussi utilisent les données, et tout ce qu’on peut trouver sur Internet. On peut se doter de tous les outils possibles pour cibler des personnes et organiser des crimes. C’est une course de fond que la justice va devoir mener », a-t-elle averti. 

Sur la question des données, Patrick Touron en a profité pour aborder le terrain de l’intelligence artificielle. Le général a mis en exergue qu’il était souvent confronté à des enquêtes difficiles, des affaires complexes qui donnent à analyser des milliers voire des dizaines de milliers de données. « On doit constater qu’humainement, on peut pas traiter ça tout seul. Il faut se faire assister, désormais, avec de nouveaux outils, des algorithmes. L’intelligence artificielle peut nous apprendre beaucoup dans l’exploitation de ces données. Une encyclopédie, c’est un gigaoctet de données. À l’heure actuelle, sur une enquête, on relève plusieurs terras de données, donc plusieurs milliers d’encyclopédies. Il faut avoir l’humanité, l’humilité d’accepter qu’on n’est plus en mesure de tout traiter, de dire qu’il faut se réformer. C’est fini, l’époque de la numérisation. Nous faisons face à des centaines de milliers d’heures d’auditions, au même nombre de preuves. Il faut pouvoir exploiter cela ».Le message est passé !


Bérengère Margaritelli