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mardi

Le F35, succès commercial et galère technologique

Le F-35 a un gros, gros problème de réacteur. Quand on en a qu'un, c'est embêtant.

(photo tirée de Menahem Kahana / AFP)

(Repéré par Thomas Burgel sur Bloomberg)

Nous rapportions, le 30 juin dernier, que le Government Accountability Office (GAO), sorte de Cour des comptes américaine, avait publié un rapport assassin, titré «Air Force and Navy aviation: Actions Needed to Address Persistent Sustainment Risks», expliquant que des centaines d'avions américains n'étaient pas prêts à mener une guerre.

Bloomberg s'est intéressé de plus près à un nouveau rapport du GAO, qui se penche cette fois-ci spécifiquement sur les écueils du F-35. Le programme, s'il fonctionne surprenamment bien à l'export, grâce à la puissance politique et commerciale des États-Unis, est horriblement coûteux et souffre d'un nombre de problèmes –parfois sérieux– tout à fait ahurissant.

Selon le GAO, l'un des soucis les plus importants que rencontre et rencontrera le F-35 dans les années qui viennent tient à son réacteur. Fourni par Pratt & Whitney, filiale du géant Raytheon Technologies, il est beaucoup plus complexe en maintenance qu'initialement prévu, ce qui pourrait clouer au sol un nombre trop grand d'aéronefs de la flotte mise en service.

Ces problèmes ne sont pas nouveaux: des pénuries de pièces plombent le F-35 et ses réacteurs depuis longtemps. Mais ce récent focus du GAO sur ce qu'elle juge être un raté logistique majeur ne tombe pas à n'importe quel moment.

Car alors que 820 aéronefs ont déjà été livrés dans le monde, sur un potentiel fixé à 3.000 pour les États-Unis et ses alliés (la Suisse, la Grèce, l'Allemagne ou la Finlande font partie des acquéreurs les plus récents), Lockheed Martin et le Pentagone sont en pourparlers pour fournir, aux forces américaines, 375 engins supplémentaires sur trois ans.

Faramineux

Cet entêtement à acheter des F-35 en grand nombre peut surprendre, le GAO pointant les coûts faramineux de maintenance de l'appareil, en particulier dus aux problèmes entourant son réacteur. Le Pentagone a ainsi toutes les peines du monde à rester dans les clous financiers du programme, dont le coût a d'abord été estimé à 1.300 milliards de dollars sur les soixante-six ans de sa durée de vie.

Le prix de la fourniture et de la maintenance du réacteur de l'avion pourrait atteindre le milliard de dollars dès 2028, contre 315 millions l'an passé. C'est colossal, mais cela semble insuffisant: depuis 2020, «un nombre croissant de F-35 n'ont pu voler du fait du manque de réacteurs opérationnels», cingle le Government Accountability Office.

Prenant acte du rapport, les responsables du programmes admettent le problème et la nécessité de travailler ardemment pour lui trouver une solution. Selon eux, le souci ne vient pas d'un défaut de conception, mais d'un matériau recouvrant les pales de la turbine du moteur.

Il «se dégraderait plus vite que prévu», en particulier pour les aéronefs opérant dans des environnement poussiéreux –on rappelle qu'Israël, pour ne citer que lui, opère des F-35 dans ses déserts et fait sans doute aussi partie des victimes du problème.

Malgré quelques bisbilles entre le Pentagone et Lockheed Martin sur qui devra régler les centaines de millions de dollars de surcoût, il semble néanmoins y avoir quelques progrès: le nombre de jours nécessaires pour une réparation est tombé de 207 en octobre 2020 à 119 en janvier 2019, et le revêtement fautif est systématiquement remplacé par un autre –semble-t-il plus résistant.■

Lire ici l'article de Korii
Et regardez ici la vidéo de l'avis d'un pilote de chasse expérimenté.