;
Xavier Raufer (*)
Criminologue
;

/
Bien conduit, un piratage stratégique peut saboter des réseaux et des centrales électriques, des barrages et des pipelines ; effacer des données cruciales ; faire exploser des usines pétrochimiques en y manipulant les pressions et températures ; empoisonner de loin des réseaux d’eau en y injectant des doses mortelles de désinfectants, etc…Une cyber attaque foudroyante peut causer un désastre colossal, comparable à celui provoqué par l’attaque japonaise du 7 décembre 1941. Et l’auteur se demande même si cette attaque n’a pas déjà eu lieu.
;

À Washington, les hauts fonctionnaires et les membres des cabinets ministériels titubent entre accablement et an­goisse. Car après enquêtes et analyses, le cyber piratage révélé fin 2020, « le pire de l’Histoire » avait-on dit, est bien plus grave encore qu’annoncé.

En décembre 2020, l’entre­prise de cybersécurité FireEye révé­lait le giga-piratage d’un grand nombre de ministères, d’adminis­trations et de grands groupes. Fi­reEye s’y était d’ailleurs fait voler ses propres cy­ber-armes offensives, pourtant fort surveillées. L’af­faire durait en fait depuis avril 2020. Nul système de cybersécurité, qu’il soit officiel (NSA, CIA, Home­land security, etc..) ou qu’il appartienne aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) n’y avait rien vu.

La société texane d’informatique SolarWinds s’était d’abord fait pirater son logiciel de ges­tion de réseaux numériques, baptisé Orion Networks Management (ONM, 18 000 clients dans le monde). De là, les pirates (qu’on croit Russes, mais sait-on attribuer avec certitude un méfait dans le cybermonde ?)  avaient pu arpenter et “faire leurs courses”, sept mois durant, dans les serveurs de 250 cibles ultra­sensibles : ministère de la Défense (Pentagone), ministère des Af­faires étrangères (State Department), ministère de la Justice, ministère du Commerce, etc. Ils y ont pillé des masses de do­cuments classifiés, des secrets d’État ou des secrets d’affaires, des cibles d’opérations d’espionnage en cours, des actes confidentiels de justice.

Or depuis, des en­quêtes approfondies révèlent une si­tuation bien pire encore. Un tiers environ des cibles n’utilisant pas ONM, les enquêteurs ont exhumé un autre axe de péné­tration : un logiciel (tchèque, celui-là) utilisé par 300 000 clients dans le monde… dont SolarWinds. Le gouffre était béant. Il devient sans fond.

D’autres pirates, Chinois ceux-là dit-on, auraient participé à une curée lors de la­quelle l’énorme “cloud” de Microsoft se serait carrément fait voler son code-source. Y était abrité le serveur fédéral “Azure Government Secrets”  (inutile de traduire). En prime “Microsoft exchange server“, gérant les courriels de 30 000 entre­prises aurait aussi été pillé.

(...)

(Lire la suite sur "Esprit Surcouf")