In "La Tribune", p
Sentryo s'apprête à battre pavillon américain. La startup lyonnaise, considérée comme l'une des pépites françaises de la cybersécurité de l'internet industriel, est en passe d'être rachetée par Cisco, le numéro un mondial des équipements de réseau (35 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an).
L'annonce du lancement de l'acquisition, qui doit être bouclée d'ici à la rentrée, vient d'être faite par le géant Californien qui va intégrer à sa business group IoT la solution de surveillance des réseaux internet de groupes industriels sensibles (groupe pétroliers, distributeur d'énergie...) développée par une cinquantaine d'ingénieurs à Villeurbanne.
"Nous sommes très fiers que notre technologie ait été choisie par le leader mondial Cisco pour devenir la pierre angulaire de l'offre de sécurité IoT du groupe. C'est la reconnaissance que notre technologie tient la route et que l'équipe de Sentryo est l'une des meilleures au monde", commente Thierry Rouquet, le co-fondateur de Sentryo.
Sentryo devrait changer de dimension
Le processus de vente de la jeune pousse est lancé alors que Sentryo a bouclé, en décembre dernier, un tour de table de 10 millions d'euros auprès d'investisseurs internationaux.
"10 millions d'euros, ce n'était pas beaucoup, surtout quand nos concurrents lèvent 100 millions d'euros. Le déploiement de notre système de détection des tentatives d'intrusion demande du temps pour être intégré aux réseaux internet des groupes industriels. Nous réalisons donc des investissements massifs pour construire la solution alors que les revenus mettent du temps à arriver (Sentryo ne dévoile pas son chiffre d'affaires Ndlr). Nous aurions été contraints d'injecter, de nouveau, des fonds en fin d'année", expose Thierry Rouquet.
Adossé à Cisco, le dirigeant estime que la Sentryo va "changer de dimension" grâce à un actionnaire puissant "qui a l'intention de mettre les moyens" pour sa future acquisition actuellement engagée dans une course à la croissance.
Dans un marché forcément mondial, Sentryo avance ses pions aussi bien en Europe, En Amérique du Nord et du Sud qu'au Moyen-Orient (où la société vient de signer un "important contrat").
"Nous sommes encore dans une phase d'enfance du marché, avec des sociétés nouvelles qui apparaissent. Il faut donc prendre des positions dès maintenant", détaille Thierry Rouquet.
Ce dernier recense "trois ou quatre « vrais » concurrents dans le monde à un niveau de développement semblables à celui de Sentryo".
Thierry Rouquet reste en poste
Dans cette optique, le deal présente un avantage de poids pour Sentryo : sa technologie de cybersécurité va être intégrée directement à l'architecture du réseau internet industriel développé par Cisco, et non plus venir se rajouter aux réseaux existants ce qui demandait de nombreux ajustements.
"Sentryo entre dans une période passionnante", se félicite Thierry Rouquet, alors que le deal prévoit que le dirigeant reste en poste "au moins pour les trois prochaines années" .
"Je fais partie de l'accord, et la société va rester dans la région lyonnaise. C'est avant tout une équipe que Cisco achète, il n'est pas question de déménager", poursuit le dirigeant.
A 59 ans, cet ancien de l'Insa Lyon, qui figure dans notre sélection des 30 personnalités d'Auvergne-Rhône-Alpes qui transforment la France, signe donc une seconde cession retentissante après celle de sa première société de cybersécurité, Arkoon Network Security, revendue à une filiale d'EADS en 2014.