Editorial : La loi Sapin 2 et les
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Hommage à Henri Martre, un des pères fondateurs de l'IE en France
Henri Martre, l’un des pères fondateurs de l’intelligence économique en France, est décédé le 3 juillet 2018. C’est avec le rapport « Intelligence économique et stratégie des entreprises » dit « Rapport Martre » que le terme d’intelligence économique est né en France. Avec lui s’éteint une figure tutélaire de l’intelligence économique et plus largement des métiers de l’intelligence économique, raison pour laquelle le SYNFIE s’associe solennellement à l’hommage qui lui est dû.
Christian Harbulot, l’un des rapporteurs du rapport Martre, a accepté de nous parler de Henri Martre et de son rôle fondamental dans la naissance de l’intelligence économique en France.
« Pour commencer, le rapport n’aurait pas eu l’influence qu’il a connu si Henri Martre n’avait pas accepté de présider le rapport au commissariat général du Plan. A l’époque très rares étaient les grands chefs d’entreprise qui avaient pris conscience de l’importance du management de l’information dans le développement de l’économie et plus particulièrement de la compétition entre les économies.
Au début des années 90, pratiquement aucun grand patron n’avait une vision stratégique sur l’évolution du fonctionnement de l’entreprise ni sur l’évolution de la société de l’information. Et c’est toute l’importance du soutien de Henri Martre à la création du concept « d’Intelligence Economique » par le biais de la publication de son rapport en 1994. Henri Martre a eu aussi à ce titre une qualité essentielle, celle d’écouter ceux qui portaient le principe de cette nouvelle démarche. Trois personnes ont joué un rôle essentiel :
- Edith Cresson par son passage à Matignon qui avait compris cet enjeu ;
- Jean-Louis Levet, l’un de ses chargés de mission lorsqu’elle était Premier ministre qui fut muté au Plan peu après le départ de Cresson de Matignon ;
- Christian Harbulot qui fut nommé conseiller d’Henri Martre grâce au soutien d’Edith Cresson et de Jean-Louis Levet.
Les travaux préparatoires du rapport Martre ont été menés à la fois par l’équipe que dirigeait Jean-Louis Levet au Plan et en particulier par Philippe Clerc, et d’une part par l’équipe animée au sein de Stratco, filiale du groupe parapublic Défense Conseil International, et d’autre part l’équipe Intelco, dirigée par Christian Harbulot et le Général Pichot-Duclos qui l’a rejoint à cette occasion.
La grande intelligence d’Henri Martre est de ne pas avoir été directif et d’avoir laissé agir ses deux équipes. Les réunions de coordination ont permis de tenir le cap choisi par les créateurs du concept d’intelligence économique. Ce ne fut pas facile car il existait au sein du Commissariat Général du Plan deux groupes très influents ; les ultra-libéraux et les tiers-mondistes. Ces deux groupes étaient opposés à la démarche pour des raisons différentes. Henri Martre a su par son influence et sa notoriété protéger le déroulement des travaux du groupe de travail et assurer auprès du Commissaire de l’époque la publication du rapport final.
Lors de l’année et demie qui a précédé l’écriture du rapport, une étude de cas assez fondamentale et très originale sur l’échelle de la vente du mirage 2000-5 à la Finlande a été menée à bien. Il faut signaler l’importance de cette réflexion à laquelle ont participé l’ensemble des industriels présent dans le projet ainsi que les administrations concernées. C’était une première de faire un bilan sur un échec commercial et de souligner les différentes défaillances en matière de management de l’information. Mais cette étude de cas n’a pas été publiée dans le rapport Martre et c’est bien dommage.
Lors de la séance plénière qui donnait lieu à la restitution du cas, Henri Martre, qui voulut bien faire, posa une question aux deux rapporteurs de Dassault et Thomson : « Pourquoi n’êtes-vous pas venus me voir à l’époque où je présidais l’Aérospatiale, qui était le seul groupe français vendeur de matériel militaire aérospatial à la Finlande ? » Cette question au combien pertinente prit au dépourvu les représentants des groupes industriels présents qui n’étaient pas prêts à assumer les retombées « cognitives » d’une telle franchise. Cette étude de cas très démonstrative de 120 transparents a donc été censurée.
On ne peut pas reprocher à Henri Martre d’avoir posé la question qui est à l’origine de la censure, elle démontre au contraire à quel point cet homme avait pris conscience de l’importance d’un tel retour d’expérience, et surtout des conclusions à tirer sur nos contradictions et sur la difficulté de les dépasser. »
Henri Martre a notamment été parrain d’une promotion de l’Ecole de Guerre Economique.
Christian Harbulot, l’un des rapporteurs du rapport Martre, a accepté de nous parler de Henri Martre et de son rôle fondamental dans la naissance de l’intelligence économique en France.
« Pour commencer, le rapport n’aurait pas eu l’influence qu’il a connu si Henri Martre n’avait pas accepté de présider le rapport au commissariat général du Plan. A l’époque très rares étaient les grands chefs d’entreprise qui avaient pris conscience de l’importance du management de l’information dans le développement de l’économie et plus particulièrement de la compétition entre les économies.
Au début des années 90, pratiquement aucun grand patron n’avait une vision stratégique sur l’évolution du fonctionnement de l’entreprise ni sur l’évolution de la société de l’information. Et c’est toute l’importance du soutien de Henri Martre à la création du concept « d’Intelligence Economique » par le biais de la publication de son rapport en 1994. Henri Martre a eu aussi à ce titre une qualité essentielle, celle d’écouter ceux qui portaient le principe de cette nouvelle démarche. Trois personnes ont joué un rôle essentiel :
- Edith Cresson par son passage à Matignon qui avait compris cet enjeu ;
- Jean-Louis Levet, l’un de ses chargés de mission lorsqu’elle était Premier ministre qui fut muté au Plan peu après le départ de Cresson de Matignon ;
- Christian Harbulot qui fut nommé conseiller d’Henri Martre grâce au soutien d’Edith Cresson et de Jean-Louis Levet.
Les travaux préparatoires du rapport Martre ont été menés à la fois par l’équipe que dirigeait Jean-Louis Levet au Plan et en particulier par Philippe Clerc, et d’une part par l’équipe animée au sein de Stratco, filiale du groupe parapublic Défense Conseil International, et d’autre part l’équipe Intelco, dirigée par Christian Harbulot et le Général Pichot-Duclos qui l’a rejoint à cette occasion.
La grande intelligence d’Henri Martre est de ne pas avoir été directif et d’avoir laissé agir ses deux équipes. Les réunions de coordination ont permis de tenir le cap choisi par les créateurs du concept d’intelligence économique. Ce ne fut pas facile car il existait au sein du Commissariat Général du Plan deux groupes très influents ; les ultra-libéraux et les tiers-mondistes. Ces deux groupes étaient opposés à la démarche pour des raisons différentes. Henri Martre a su par son influence et sa notoriété protéger le déroulement des travaux du groupe de travail et assurer auprès du Commissaire de l’époque la publication du rapport final.
Lors de l’année et demie qui a précédé l’écriture du rapport, une étude de cas assez fondamentale et très originale sur l’échelle de la vente du mirage 2000-5 à la Finlande a été menée à bien. Il faut signaler l’importance de cette réflexion à laquelle ont participé l’ensemble des industriels présent dans le projet ainsi que les administrations concernées. C’était une première de faire un bilan sur un échec commercial et de souligner les différentes défaillances en matière de management de l’information. Mais cette étude de cas n’a pas été publiée dans le rapport Martre et c’est bien dommage.
Lors de la séance plénière qui donnait lieu à la restitution du cas, Henri Martre, qui voulut bien faire, posa une question aux deux rapporteurs de Dassault et Thomson : « Pourquoi n’êtes-vous pas venus me voir à l’époque où je présidais l’Aérospatiale, qui était le seul groupe français vendeur de matériel militaire aérospatial à la Finlande ? » Cette question au combien pertinente prit au dépourvu les représentants des groupes industriels présents qui n’étaient pas prêts à assumer les retombées « cognitives » d’une telle franchise. Cette étude de cas très démonstrative de 120 transparents a donc été censurée.
On ne peut pas reprocher à Henri Martre d’avoir posé la question qui est à l’origine de la censure, elle démontre au contraire à quel point cet homme avait pris conscience de l’importance d’un tel retour d’expérience, et surtout des conclusions à tirer sur nos contradictions et sur la difficulté de les dépasser. »
Henri Martre a notamment été parrain d’une promotion de l’Ecole de Guerre Economique.