auteur : la capitaine Sophie Bernard - publié le
Après la constatation de dizaines d’escroqueries aux faux ordres de virement, l’enquête conjointe des gendarmes de la section de recherches de Reims et de l’unité de police israélienne anti-corruption a permis d’arrêter deux Franco-Israéliens, soupçonnés d’être à l’origine de la fraude.
Si le coronavirus ne connaît pas de frontière, la délinquance non plus, malheureusement !
Un jeu de rôles bien rodé
Tandis que certains s’occupent avec des jeux de société le temps du confinement, d’autres s’amusent à des jeux de rôles grandeur nature et tentent de rafler la mise ! Deux Franco-Israéliens vivant à Raanana, au nord est de Tel Aviv, ont ainsi profité de la crise et du recours massif au télétravail pour escroquer plusieurs entreprises françaises. Les règles du jeu sont simples : revêtir une fausse identité pour se faire virer un maximum d’argent.
Visant plus particulièrement le secteur agroalimentaire, connaissant une activité soutenue durant la crise, les deux hommes contactent les services de comptabilité des entreprises, en se faisant passer pour le dirigeant ou l’avocat de la société, et demandent qu’un virement soit effectué le plus discrètement possible pour un projet confidentiel. Pour varier les plaisirs, ils peuvent également jouer le fournisseur attendant le paiement de sa facture. Le duo échange avec les entreprises par mail, voire par téléphone, en ciblant toujours le bon interlocuteur. Ils prennent soin de modifier leur numéro, pour que celui qui s’affiche comporte un indicatif français.
Une arnaque ciblant les entreprises et les particuliers
Durant le mois de mars 2020, une centrale d’achat de supermarchés, située dans la Marne, a ainsi failli être victime du procédé. La manœuvre échoue, mais l’entreprise dépose tout de même une plainte. Le parquet de Châlons-en-Champagne saisit alors les gendarmes de la Section de recherches (S.R.) de Reims. Très vite, les enquêteurs mettent à jour plusieurs dizaines de faits similaires en France. Il s’avère que les auteurs s’attaquent également à des particuliers et jouent sur la corde sensible. Ils leur proposent en effet d’investir dans un groupe pharmaceutique ayant soi-disant trouvé un vaccin contre le coronavirus, dans de l’or ou encore dans l’immobilier, le tout à des taux très attractifs.
Au fur et à mesure de leurs investigations, les gendarmes comprennent qu’ils ont affaire à une criminalité organisée, nécessitant une grande préparation en amont pour connaître parfaitement les cibles, tout en opérant depuis l’étranger. Heureusement, les enquêteurs français peuvent compter sur la coopération des policiers israéliens du Lahav 433, une unité anti-corruption.
Étroite coopération franco-israélienne
Alors que les deux comparses s’apprêtaient à soutirer 350 000 euros à un retraité des Alpes-de-Haute-Provence, qui venait de leur communiquer ses codes, les échanges fructueux entre les services permettent de les interpeller, fin avril, en un temps record !
Plusieurs de leurs escroqueries ont échoué, mais leur arnaque bien ficelée a tout de même occasionné entre 200 000 et 300 000 euros de préjudice.
Le 4 mai dernier, les autorités israéliennes ont demandé la prolongation de la garde à vue des malfaiteurs, en attendant leur extradition vers la France, afin qu’ils y soient jugés.
Les deux pays ont l’habitude de coopérer face aux nombreuses fraudes qui défient les frontières, notamment durant cette pandémie. Début avril, deux Françaises avaient déjà été arrêtées à Netanya, en Israël. Elles étaient soupçonnées d’avoir usurpé l’identité de sociétés pharmaceutiques, pour détourner des commandes de matériels sanitaires (masques FFP2, gel hydro-alcoolique) destinés aux hôpitaux et aux collectivités territoriales françaises.