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Pourquoi l'armée de l'air a du mal à fidéliser ses aviateurs |
"Il est impératif de trouver des leviers de fidélisation". Pour le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Philippe Lavigne, la fidélisation est l'une de ses cinq priorités pour 2020. "Ma cinquième priorité, ce sont les aviateurs, moteurs de notre armée de l'air, sans qui rien ne serait possible et pour lesquels je dois mettre en place des leviers innovants de fidélisation", a-t-il expliqué le 10 octobre lors de son audition à l'Assemblée nationale. Car l'armée de l'air perd des effectifs plus qu'elle ne l'aurait imaginée et ne recrute pas autant qu'elle l'aurait souhaitée.
"La loi de programmation militaire pour les années 2019-2025 a octroyé 1.246 postes à l'armée de l'air, alors que les besoins souhaités sont évalués à environ 3.000 postes, afin d'absorber l'apparition de nouveaux métiers. Nous faisons également face à une recrudescence de départs non souhaités, dont le nombre a doublé depuis 2015", a précisé le général Philippe Lavigne.
Pourquoi ces départs de plus en plus nombreux ? "Cela peut s'expliquer par des surcharges de travail, des absences prolongées du domicile dues aux sous-effectifs et aux multiples engagements, ainsi que par des aspirations différentes des nouvelles générations, plus volatiles", a avancé le chef d'état-major de l'armée de l'air (CEMAA). Il a donc pointé du doigt "l'évolution de la société et des modes de vie". Le général Philippe Lavigne, dont le sujet des ressources humaines est au cœur de ses priorités, a donc besoin de disposer d'hommes et de femmes bien formés, en nombre nécessaire et suffisant. "Ainsi, la population des mécaniciens militaires est structurante pour les opérations et fait l'objet de toute mon attention. J'ai évalué à environ 11.150 mécaniciens le seuil minimal pour maintenir notre capacité", a-t-il précisé.
Projet DRHAA 4.0
Parallèlement au plan famille lancé par la ministre des Armées Florence Parly, l'armée de l'air a mis en place le projet DRHAA 4.0 afin de moderniser les politiques d'attractivité et de fidélisation de l'institution. "Le défi est de taille", a reconnu le CEMAA. "Il s'agit de passer de « l'incitation au départ » au « lien au service », de la « gestion par flux » à la « gestion des compétences »", a-t-il expliqué. Dans ce cadre, l'armée de l'air a pris en compte "l'évolution de la société et des modes de vie, grâce aux crédits du plan famille". Par exemple, une crèche va être ouverte à Bordeaux-Mérignac et des bâtiments d'hébergement vont être construits sur la base d'Orléans.
La reconnaissance des spécificités d'emploi des aviateurs doit être également prise en compte au travers d'indemnités liées à des spécialités exposées. "Un gros travail a déjà débuté en 2019 par la création de la prime ATOM pour les militaires mettant en œuvre des armements nucléaires et d'une prime de lien au service pour toute catégorie de militaires agissant dans des conditions particulières", a souligné le général Philippe Lavigne. Ce travail va se poursuivre dans la perspective de la nouvelle politique des rémunérations militaires prévue pour 2022 "en ciblant des spécialités critiques dont le déficit fragiliserait la réalisation de nos missions de souveraineté", a averti le CEMAA.