Posté
dans Technologie
par Laurent
Lagneau
Le 23-12-2018
En
2008, il avait été rapporté que la Darpa, l’agence de recherche
du Pentagone, finançait un programme appelé Hi-MEMS [Hybrid Insect
Micro-mechanical systems] dont la finalité consistait à incorporer
dans des insectes des senseurs micromécaniques (MEMS) pour en faire
des capteurs quasiment indétectables.
De
quoi donner lieu à de nombreuses applications militaires, comme la
reconnaissance d’un bâtiment sans alerter d’éventuels éléments
hostiles qui s’y trouveraient, obtenir des renseignements lors
d’une prise d’otage ou bien encore accéder à des endroits
difficiles d’accès.
Avec
la même intention, des chercheurs de l’Université technique de
Delft, aux Pays-Bas, mirent au point le DelFly Explorer, c’est à
dire un drone ayant l’apparence d’une libellule. Doté de deux
caméras miniatures à basse résolution, d’un ordinateur de bord
pour le traitement des images et d’une batterie au lithium, ce
nano-robot, d’une envergure de 28 centimètres pour une masse de 20
grammes, passait alors pour « le plus petit drone au monde. »
Mais
des chercheurs français ont l’intention d’aller encore plus
loin. Et leurs travaux intéressent la Direction générale de
l’armement [DGA]. Ainsi, le Département opto-acousto-électronique
[DOAE], rattaché à l’Institut d’électronique, de
microélectronique et de nanotechnologie [IEMN] et associé au
Laboratoire d’ingénierie des systèmes physiques et numériques
[LIPSEN] de Lille, travaille actuellement sur le projet
OVMI,
pour « Objet volant mimant l’insecte ».
Ce
qui suppose de maîtriser plusieurs domaines, dont, entre autres, le
biomimétisme, la micro-électronique, la gravure ionique,
l’aéroelasticité, les matériaux piézoélectriques ou encore les
systèmes micro-életromécaniques.
« Le
projet OVMI vise à mettre au point un véhicule nano-aérien à
volutes d’environ 3 cm, autonome et bio-inspiré, reposant
principalement sur les technologies MEMS (systèmes
microélectromécaniques) pour mener à bien diverses tâches en
tirant parti de sa taille et de sa robustesse », précise
l’IEMN.
« En
raison principalement de la contrainte de taille (dimension maximale
inférieure à 7,5 cm), de nouvelles solutions de vol sont
nécessaires et la nature, avec les insectes et les oiseaux,
constitue une source d’inspiration évidente. En effet, l’aile
battante, comparée aux solutions plus traditionnelles à voilure
tournante ou fixe, prend le dessus en termes de vol stationnaire dans
des zones restreintes avec un certain calme permettant des champs de
déploiement inédits pour les drones », explique encore
l’institut de recherche.
Dans
les colonnes de « La Voix de l’Étudiant », Mathieu
Colin, qui prépare sa thèse au LISPEN, explique
que « le mouvement des ailes étant plus complexe à reproduire
que celui des oiseaux, il faut […] parvenir à utiliser les flux
d’air (produits lors des battements) qui ont des caractéristiques
particulières. »
D’une
masse de seulement 20 mg, cet OVMI est conçu avec des matériaux
polymères. Il est doté d’un aimant qui tient le « rôle de
ce muscle thoracique qu’ont les insectes et qui permet le mouvement
de flexion et de torsion des ailes », indique Sébastien
Grondel, un membre de l’équipe de chercheurs.
Plusieurs
défis restent encore à relever, dont la maîtrise du vol, avec la
mise au point d’un système de localisation dans l’espace. Puis
il s’agira ensuite de faire communiquer plusieurs OVMI entre-eux
afin de pouvoir former des essaims. Une capacité susceptible
d’intéresser les militaires…