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mercredi

L'IHEDN disparaît dans sa formule actuelle

Un signe s'il en fallait plus, après la suppression de la nomination des auditeurs de l'IHEDN par le Premier ministre (et conséquemment la suppression de la parution de leur nomination au Journal Officiel), la diminution drastique des effectifs des promotions tant nationales que régionales- malgré une tentative timide de multiplication des sessions, voici que l'IHEDN est regroupé avec une série d'organismes de moindre envergure pour constituer l'Académie de Défense de l'École Militaire.

L'acronyme choisi est ACADEM, un médiocre jeu de mot sans doute issu des spin doctors si avisés en science de la communication qui gravitent autour du gouvernement.


La rédaction, animée par des auditeurs de l'IHEDN de la "période glorieuse" et dont ce même site est issu de celui qui diffusait très régulièrement les nouvelles et annonces de l'Association Régionale 14 (Lyon et région) des auditeurs de l'IHEDN, constate la lente et inexorable baisse de qualité et de diversité de son Institut, mais salue ce regroupement qui améliorera l'image de quantité d'autres institutions centrées sur l'enseignement militaire peu connues et d'envergure plus réduite.

Citation ci-après, l'article du général Bruno DURIEUX, ancien général-directeur de l'IHEDN et désormais général-directeur de l'enseignement militaire supérieur, publié par l'le service communication de l'IHEDN :

Regroupant sous une même bannière 21 organismes de recherche, d’enseignement et de doctrine* du domaine de la défense et de la sécurité, tous situés à l’École militaire de Paris, l’ACADEM naît officiellement ce jeudi 26 octobre. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, viendra prononcer son discours fondateur, tandis que le général Benoît Durieux, président de la structure, en expliquera les objectifs, avant une série de tables rondes. Aussi directeur de l’IHEDN et de l’Enseignement militaire supérieur, cet officier issu de la Légion étrangère est par ailleurs docteur en histoire et spécialiste de la stratégie.

COMMENT EST NÉE L’ACADÉMIE DE DÉFENSE DE L’ÉCOLE MILITAIRE ?

Sa création arrive en réponse à une nécessité géopolitique : la situation internationale et les mutations du contexte stratégique rendent plus importante que jamais notre capacité à renouveler notre pensée stratégique, à nourrir le débat européen et atlantique et à accroître notre capacité d’influence vers nos partenaires et alliés.


Les autorités politiques françaises ont transformé ce constat en impulsion. En novembre 2022, la Revue nationale stratégique dévoilée par le président de la République instituait l’influence comme sixième fonction stratégique. Cette orientation a depuis été confirmée par la loi de programmation militaire 2024-2030. Le développement de cette nouvelle fonction stratégique passait par la création de foyers de rayonnement. Or, quel meilleur endroit que l’École militaire pour centraliser le rayonnement de la pensée stratégique nationale ?


Incontestablement, cette implantation parisienne possède à cet égard de très grandes possibilités. Au cœur de la capitale, ce site prestigieux, sans véritable équivalent au monde, peut se prévaloir d’une légitimité majeure en termes de formation. Le souvenir de Bonaparte, Foch ou de Gaulle continue de flotter parmi les murs de la vieille école voulue par le maréchal de Saxe et fondée par Louis XV en 1751.


Rendue possible en moins de deux ans, la création de l’ACADEM représente en fait l’aboutissement d’une volonté bien plus ancienne. Dès la Libération, le gouvernement du général de Gaulle prévoyait la création d’une "académie de défense" pour la formation commune des élites militaires et civiles. Si cette ambition fit long feu, le site de l’École militaire devint à partir de cette époque le point de regroupement de l’enseignement militaire supérieur et de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). L’ambition fut fortement réaffirmée au début de la Ve République, mais le projet d’"université militaire" voulu par le Premier ministre, Michel Debré, échoua, comme les tentatives suivantes. Pourtant, au fil des ans et singulièrement à partir des années 1990, un nombre croissant d’organismes dédiés à la recherche se sont rassemblés à l’école militaire : École de guerre, centres de doctrine, instituts et chaires de recherche, instituts de formation de dirigeants. Ce regroupement est unique en Europe.


C’est pour toutes ces raisons que le ministre des Armées a érigé depuis plus d’un an le projet de création de l’Académie de défense de l’École militaire au rang de priorité. Avec l’ACADEM, il s’agit de tirer tout le parti de la colocalisation sur un même site des différents organismes, qu’ils soient rattachés au ministère des Armées, au ministère de l’Intérieur, ou à vocation interministérielle.

COMMENT FONCTIONNE-T-ELLE ?


Loin d’être une nouvelle "strate" administrative, l’ACADEM est une structure légère et fédératrice, vouée au seul rayonnement de la formation, de la recherche et de la doctrine françaises en matière de défense et de sécurité, à travers l’organisation d’événements, de séminaires et de forums communs aux différentes structures qu’elle rassemble.


Il a donc été décidé de mettre en place une gouvernance légère : présidée par le général directeur de l’Enseignement militaire supérieur (DEMS) et de l’IHEDN, l’ACADEM a pour secrétaire général l’adjoint du DEMS, de niveau général de division ou vice-amiral. Autour d’eux, une équipe permet d’assurer le rayonnement de la pensée stratégique française, à la fois envers le monde de la recherche et envers nos partenaires et alliés étrangers : conseillers ou chargés de mission diplomatique, académique, en communication.


La création de l’Académie de défense de l’École militaire n’enlève rien aux fonctions et compétences des organismes qu’elle rassemble. Ceux-ci continuent de travailler en totale autonomie, sous leur direction propre. Seulement, ils participeront tous à l’organisation des différents événements de l’ACADEM, en fonction de leurs champs d’action respectifs.


Par ce moyen, l’ACADEM donne une existence à l’École militaire dans les esprits, les médias et les cercles de réflexion à l’échelle française, européenne et mondiale. Le ministère des Armées et, plus largement, l’État, peuvent désormais mieux valoriser le formidable réservoir de ressources représenté par l’École militaire qui s’affirme comme un lieu de débat et une source de rayonnement d’envergure internationale. Mais aussi un carrefour naturel où ont vocation à se rencontrer chercheurs et enseignants, officiers et universitaires, penseurs et praticiens.

JUSTEMENT, QUELS SONT LES PROJETS FUTURS DE L’ACADEM ?


On peut même parler d’un événement passé ! En effet, le 16 février dernier, le colloque « Guerre en Ukraine : un an après, quelles leçons ? » était une préfiguration de l’ACADEM, au sens où il rassemblait déjà de nombreux organismes de l’École militaire.


Pour le futur, dans l’immédiat il y a l’inauguration, ce jeudi, avec un programme d’interventions et de tables rondes très riche. Et dans un peu plus d’un mois, le 28 novembre, l’ACADEM organise avec l’état-major des armées le colloque Forces morales de la nation.


Pour la suite, nous travaillons à l’organisation du Paris Defence and Strategy Forum, prévu pour les 13 et 14 mars 2024. Et puis, entre ces rendez-vous, de multiples occasions de rencontres et de débats sont d’ores et déjà prévues, et certaines d’entre elles seront ouvertes au public.


Voilà comment l’ACADEM s’affirme comme un incubateur d’envergure internationale au service de la formation et des études stratégiques.


* Les 21 organismes membres de l’ACADEM :

Académie du renseignement, Bibliothèque de l’École militaire (BEM), Centre de doctrine et d’enseignement du commandement (CDEC), Centre d’enseignement militaire supérieur air (CEMSAIR), Centre d’enseignement militaire supérieur Terre (CEMS-T), Centre d’études stratégiques de la marine (CESM), Centre d’études stratégiques aérospatiales (CESA), Centre de formation des dirigeants de la gendarmerie (CFDG), Centre de formation au management de la défense (CFMD), Centre de recherche de l’école des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN), Centre des hautes études militaires (CHEM), Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations (CICDE), Chaire de cyberdéfense et souveraineté numérique de l’IHEDN, Chaire d’économie de défense de l’IHEDN, Chaire "Défense et sécurité du territoire national" de l’État-major interarmées du territoire national métropolitain (EMIA-TN), Chaire "Stratégies aérienne et spatiale appliquées" intégrée au CESA, Conseil général de l’armement (CGArm), École de Guerre (EdG), Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur (IHEMI), Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM).


Et citons aussi un article de l'excellent blog "lignes de défense" publié par le journal Ouest France :
https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/07/25/academie-de-defense-24018.html