Qu’est-ce que le grand Commandement De l’Espace (CDE) créé par la France pour la défense de l’espace
Afin d’atteindre l’ambition politique fixée par la stratégie de défense spatiale, il poursuit une montée en puissance sans précédent en s’appuyant notamment sur le Centre national des études spatiales (CNES).
Il fédère l’expression des besoins opérationnels et participe à l’élaboration et à la mise en oeuvre des stratégies d’acquisition des capacités spatiales, en particulier dans la conduite des programmes avec la Direction générale de l’armement (DGA) et le CNES. Le programme à effet majeur « maîtrise de l’espace » incarne la volonté de la France dans ce domaine.
Le CDE contribue à l’élaboration de la politique spatiale nationale en coordination avec la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS). Il est également chargé d’élaborer et de mettre en oeuvre les nombreuses coopérations européennes, internationales et multilatérales dans ce domaine.
Il propose à la chaîne opérations de l’État-major des armées (EMA) les modes d’actions pour préserver nos capacités spatiales.
Pour satisfaire la stratégie de défense spatiale, le CDE doit, à l’horizon 2025, être en mesure de conduire les premières actions défensives dans l’Espace. La connaissance permanente de la situation spatiale et l’acquisition d’un démonstrateur satellite manœuvrant sont les principaux jalons capacitaires de cette feuille de route.
Aujourd’hui, le CDE compte 220 spécialistes, dispersés sur quatre sites :
- A Balard, la direction, le niveau de conception et de mise en oeuvre sont structurés par 4 piliers : opérations, capacités, coopérations et organique ;
- A Toulouse, l’échelon précurseur du centre de commandement et de contrôle des opérations spatiales ;
- Le COSMOS (Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux) et le CMOS (Centre militaire d’observation par satellites), respectivement localisés à Lyon et à Creil.
A terme, la transformation du CDE vise à concentrer toute l’expertise militaire du domaine spatial dans un bâtiment dédié, implanté au plus près du CNES. Il abritera des fonctions multiples comme la formation, l’innovation, ou encore le coeur de la conduite des opérations spatiales. Il accueillera près de 500 experts en 2025.
A propos du Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS)
Le COSMOS a pour mission permanente de surveiller l’espace : il établit la situation spatiale de manière autonome et il la valorise pour les opérations militaires et la sécurité des biens et des personnes.
Les systèmes électromagnétiques de veille « GRAVES » et de trajectographie « SATAM » lui permettent de surveiller les objets spatiaux en orbite basse et d’évaluer la menace en orbite. Les données obtenues auprès du CNES et de l’industriel Airbus Defense & Space permettent de surveiller l’arc géostationnaire. Le centre participe activement au développement de ses capacités.
Planification des opérations des armées : le COSMOS participe à la planification des opérations grâce notamment aux prévisions géo référencées et synchronisées de la qualité GPS.
Il surveille l’activité du Soleil, pour pouvoir réagir lors d’éruptions solaires à d’éventuelles perturbations des moyens de télécommunication, des plus basses fréquences jusqu’aux gammes GPS et radars, à la surface du globe et dans l’espace. Une anticipation de la disponibilité des fréquences est établie en préparation des missions.
Le COSMOS participe à la fonction renseignement d’intérêt spatial en capitalisant la connaissance des capacités spatiales étrangères et en surveillant les indices d’activité.
Liens avec les Alliés : le COSMOS est en lien quotidien avec le partenaire américain dans le cadre de la surveillance de l’espace. Il produit également les données fournies dans le cadre du service européen de surveillance du trafic spatial.
Le COSMOS contribue à l’alerte aux populations en conduisant et contrôlant les opérations de surveillance lors de rentrées atmosphériques à risque d’objets spatiaux. Il participe également à la gestion du risque de collisions de satellites, par le suivi et l’affinage des trajectoires potentiellement conflictuelles, au profit et en appui du CNES, qui évalue le risque et décide du déplacement ou non des satellites nationaux.
Quelques indices d’activités en chiffres
- Environ 500 000 débris spatiaux en orbite autour de la Terre (de 1 cm à 10 cm) ;
- 12 000 survols d’objets spatiaux au quotidien, au dessus du territoire national (détectés par le système GRAVES) un catalogue national d’objets spatiaux supérieur à 4 000 ;
- 60 risques de collision par an (volume initial de 70 000 préalertes quotidiennes) ;
- 10 rentrées atmosphériques à risque suivies par an ;
- 150 éruptions solaires (basse activité solaire dans le cycle) par an ;
- 5 000 dossiers d’ analyse en appui des opérations par an.
Le Centre militaire d’observation par satellites (CMOS)
Situé principalement sur la base aérienne 110 de Creil, le CMOS a pour mission de garantir l’accès permanent du ministère des Armées à l’imagerie spatiale : un cœur de réseau métropolitain et une quarantaine de stations fixes ou déployables répondent aux besoins des entités, en Métropole, à l’Outre-Mer et sur les théâtres, tant pour l’accès aux archives que pour la programmation des systèmes satellitaires. Le centre vérifie également la qualité des images livrées.
Le CMOS assure des missions en parallèle, comme la fourniture d’images dans des formats particuliers. De plus, le CMOS est le référent opérationnel et technique pour le SAIM, système qui permet aux interprètes images de toutes les armées d’exploiter tout type de prises de vue (satellites, mais également prises depuis le sol ou par les chasseurs Rafale, ainsi que des vidéos).
Présent également à Toulouse, au sein des centres de maintien à poste satellitaires, le CMOS dispose du plus haut niveau d’expertise des armées concernant les opérations en orbite basse, lui conférant le rôle d’incubateur pour de futures capacités spatialisées : depuis la publication de la stratégie spatiale en juillet 2019, le périmètre des fonctions de ses officiers évolue, en relation avec le CNES, afin d’acquérir les compétences indispensables pour devenir opérateurs spatiaux et conduire des actions dans l’espace.
Le CMOS voit le renouvellement de ses capacités : après la mise sur orbite de CSO-1 le 19 décembre 2018, le lancement de CSO-2 est prévu pour avril 2020 suivi ultérieurement par CSO-3. Le lancement de CERES, première capacité française opérationnelle de collecte de Renseignement d’origine électromagnétique (ROEM) depuis l’espace, héritière d’une lignée de démonstrateurs technologiques, aura lieu en 2021.
- Près de 110 000 images acquises en 2019, dont plus de la moitié issue du seul capteur CSO-1 ;
- 5 systèmes satellitaires (purement militaire ou dual, optique ou radar, français, italien ou allemand) ;
- Des traditions centenaires (escadrilles d’observation de la 1re Guerre mondiale) alliées à quasiment 25 ans d’opérations dans l’espace (lancement d’Hélios-1 le 7 juillet 1995) ;
- Une unité opérationnelle 365 jours par an, 24 heures sur 24, au service des opérations, du renseignement, du ciblage et de la géographie.
Source : Dossier de Presse du Ministère des Armées
Arrêté du 3 septembre 2019 portant création et organisation du commandement de l’espace
Pour bien comprendre le rôle du Commandement De l’Espace (CDE), je vous joins ci-dessous l’arrêté ministériel de création.
JORF n°0208 du 7 septembre 2019
Texte n°9
NOR: ARMD1925270A
La ministre des armées,
Vu le code de la défense ;
Vu l’arrêté du 27 avril 2014 modifié portant organisation de l’état-major de l’armée de l’air et des organismes directement subordonnés au chef d’état-major de l’armée de l’air ;
Vu l’arrêté du 25 février 2015 modifié relatif aux organismes militaires à vocation opérationnelle rattachés au ministre de la défense, au chef d’état-major des armées et aux chefs d’état-major d’armée ;
Vu l’arrêté du 20 mars 2015 modifié portant organisation de l’état-major des armées et fixant la liste des commandements, services et organismes relevant du chef d’état-major des armées ou de l’état-major des armées ;
Vu l’arrêté du 22 décembre 2015 portant organisation du commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes ;
Vu l’avis du comité technique ministériel du ministère de la défense et des anciens combattants en date du 3 juillet 2019,
Arrête :
Article 1
Le commandement de l’espace est un organisme à vocation interarmées.
Il est commandé par un officier général qui prend le titre de commandant de l’espace. Il dispose d’un adjoint, officier général, qui le supplée en cas d’absence ou d’empêchement.
Le commandant de l’espace reçoit des directives fonctionnelles du chef d’état-major des armées. Le chef d’état-major de l’armée de l’air en exerce le commandement organique.
Article 2
Le commandement de l’espace participe, au profit du chef d’état-major des armées, à l’élaboration de la politique spatiale militaire et est chargé de sa mise en œuvre.
A ce titre, le commandement de l’espace est chargé, en fonction des directives qu’il reçoit du chef d’état-major des armées :
1° De recueillir les besoins des armées en matière de capacités spatiales de défense et de proposer au chef d’état-major des armées les arbitrages dans ce domaine ;
2° De proposer au chef d’état-major des armées l’expression de besoin des armées en capacités de maîtrise de l’espace ;
3° De contribuer à la mise en œuvre de la stratégie d’acquisition des capacités spatiales de défense ;
4° De participer à l’élaboration et à la conduite des coopérations européennes et internationales dans le domaine spatial de défense ;
5° De conseiller le chef d’état-major des armées et les organismes des armées en leur apportant son expertise sur les questions spatiales militaires. A cet égard, il contribue au respect par l’Etat français de ses engagements internationaux dans le domaine spatial ;
6° D’apporter son concours à l’ensemble des organismes du ministère de la défense ou, pour l’exercice des missions d’intérêt général nécessitant son intervention, au profit d’organismes extérieurs au ministère ;
7° De contribuer, dans le domaine de la maîtrise des armements, à la préservation des intérêts de la défense en matière de capacités spatiales de défense et de liberté d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique ;
8° De participer à la maîtrise de l’environnement spatial.
Article 3
Le commandement de l’espace met en œuvre des mesures concourant à la préservation de la liberté d’accès et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique.
A ce titre, il :
1° Contribue aux travaux d’élaboration des plans d’opérations spatiales militaires conduits par l’état-major des armées ;
2° Est responsable de l’établissement de la connaissance de la situation spatiale. Dans ce cadre, il rend compte au chef d’état-major des armées de l’état des moyens contribuant à cette mission ;
3° Concourt à la diffusion de l’alerte aux populations en cas de danger spatial inopiné ;
4° Exerce le contrôle opérationnel des plateformes spatiales militaires et des capacités militaires concourant aux mesures de préservation de la liberté d’accès et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique. Dans le domaine de l’appui spatial aux opérations, il exerce cette responsabilité dans le cadre des orientations qui lui sont fixées par les autorités militaires responsables de la mise en œuvre des charges utiles. Il peut coordonner l’emploi de moyens civils dans le cadre des opérations spatiales militaires ;
5° Met en œuvre le centre de commandement et de contrôle des opérations spatiales, capacité permanente de commandement et de contrôle des opérations spatiales menées dans un cadre national, interallié ou international, sur lequel il a autorité.
Article 4
Le commandement de l’espace :
1° Est responsable de la mise en œuvre des contrats opérationnels « espace » qui lui sont confiés ;
2° Est responsable de la mise en condition opérationnelle des unités et formations du commandement de l’espace ;
3° Est associé aux travaux relatifs à la doctrine d’emploi des capacités spatiales de défense et anime le processus de retour d’expérience dans le domaine spatial ;
4° Est chargé dans son domaine de compétence de l’application de la politique définie par l’état-major de l’armée de l’air en matière de maîtrise des risques.
Article 5
Le commandement de l’espace comprend :
1° Un niveau de direction, chargé d’assurer la contribution à l’élaboration de la politique spatiale militaire et d’exercer le commandement organique dans les domaines de sa compétence ;
2° La brigade aérienne des opérations spatiales, qui comprend le centre de commandement et de contrôle des opérations spatiales ainsi que des unités spécialisées et centres experts concourant à l’établissement de la situation spatiale et à la préservation de la liberté d’accès et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique.
Article 6
L’organisation, les modalités de fonctionnement du commandement de l’espace et la liste des organismes qui lui sont rattachés sont fixées par instruction du chef d’état-major de l’armée de l’air, prise après approbation du chef d’état-major des armées.
Article 7
I.-L’arrêté du 25 février 2015 susvisé est modifié ainsi qu’il suit :
1° Au II de l’article 1er, les 11° et 12° sont abrogés ;
2° Le I de l’article 4 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« 4° Le commandement et les formations de l’espace ».
II.-Au 1° du II de l’annexe de l’arrêté du 20 mars 2015 susvisé, le d est abrogé.
III.-Le 3° de l’article 2 de l’arrêté du 22 décembre 2015 susvisé est remplacé par les dispositions suivantes :
« 3° Des unités spécialisées et des centres experts concourant à la préparation, la mise en œuvre et à la conduite de la défense aérienne et des opérations aériennes ».
Article 8
L’arrêté du 7 juillet 2010 portant création du commandement interarmées de l’espace et modifiant l’arrêté du 16 février 2010 portant organisation de l’état-major des armées et fixant la liste des autorités et organismes directement subordonnés au chef d’état-major des armées est abrogé.
Article 9
Le chef d’état-major des armées et le chef d’état-major de l’armée de l’air sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.
Fait le 3 septembre 2019.
Florence Parly