La bataille de France Un trou noir mémoriel ?
L’actualité vient de placer sous les projecteurs deux versants de la mémoire de la bataille de France. Le versant « franchouillard » que nos écrans de télévision nous ont donné à revoir durant le confinement, en nous faisant redécouvrir la trilogie de la 7ème compagnie réalisée par Robert Lamoureux ‘Mais où est donc passée la septième compagnie ?’ ‘ On a retrouvé la septième compagnie’, ‘La septième compagnie au clair de lune’. Trois films qui contribuent à pérenniser l’image du soldat français de 1940 : débraillé, indiscipliné, peu porté sur l’esprit militaire, prompt à la retraite mais néanmoins patriote et toujours débrouillard. Une image qu’a résumé en une phrase Louis-Ferdinand Céline « Neuf mois de belote, six semaines de course à pied : l’armée Ladoumègue* ». Face à ce versant sombre, le déconfinement nous a présenté le versant lumineux.
Le 17 mai, le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est rendu à Montcornet afin de rendre hommage au général de Gaulle qui, alors colonel, tentait « désespérément d’arrêter l’invasion allemande. » 80 ans après, la mémoire de la bataille de France semble se fixer une nouvelle fois entre ces deux versants qui masquent le vaste trou mémoriel des hommes. La bataille de France, c’est 5 millions de soldats mobilisés, c’est près de 100 000 "Morts pour la France". Ces "Morts pour la France" subissent depuis 80 ans une double peine : non seulement ils ont perdu la vie, mais en plus ils ont disparu de notre mémoire.
Eux qui n’étaient en rien responsables de cette « étrange défaite » méritent notre respect. Ils ne sont pas l’illustration d’un déclin français, mais au contraire celle d’une résistance individuelle alors même que la défaite était d’abord due à nos doctrines d’emploi, à la rigidité de notre système de fonctionnement… et à nos chefs.
80 ans sont passés. Alors que leurs tombes dans les cimetières communaux disparaissent, il est temps de combler le trou noir de cette mémoire. Le Souvenir Français qui ne les a jamais oubliés répondra présent.
Serge BARCELLINI Contrôleur Général des Armées (2s) Président Général de l'association "Le Souvenir Français"
Contact :
communication@souvenir-francais.fr
*Détenteur de tous les records mondiaux entre un et deux kilomètres entre 1930 et 1931, ovationné par 400 000 Parisiens le 10 novembre 1935 sur les Champs-Elysées.
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