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mercredi

Arnaud Danjean est chargé de la « revue stratégique»


Secret Défense
Par Jean-Dominique Merchet
Secret Défense
Rien de ce qui est kaki, bleu marine ou bleu ciel ne nous sera étranger
Un comité de seize membres doit rédiger ce petit « livre blanc » pour le début octobre. Il servira de base à la loi de programmation militaire 2019-2025.
Le député européen (LR) Arnaud Danjean a été choisi par la ministre des armées Florence Parly pour « mener les travaux » du comité de rédaction de la revue stratégique - le « livret blanc » comme on le surnomme déjà dans les milieux de la défense. Le nom d’Arnaud Danjean avait déjà été proposé par Sylvie Goulard, comme l’avait révélé l’Opinion.

Arnaud Danjean est une personnalité bien connue et respectée du monde de la défense. Son nom avait d’ailleurs circulé pour remplacer Sylvie Goulard. Il a été en poste à la DGSE avant de se faire élire au Parlement européen, dont il a présidé la sous-commission de la défense.

Ce comité de rédaction qui se réunira vendredi 30 juin est composé de seize personnalités, dont Arnaud Danjean. Son secrétaire général est Philippe Errera, Directeur général des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) - qui en assura le soutien. Les membres sont :

- le chef d’état-major des armées

- les trois chefs d’états-majors (Terre, Air, Marine) - (leur présence a fait l’objet d’interrogations)

- le secrétaire général de l’administration (SGA)

- le délégué général pour l’armement (DGA)

- une représentante de la DGRIS

- un représentant des Affaires étrangères : Nicolas Roche

- un représentant de l’Intérieur : le préfet Michel Cadot

- un représentant du SGDSN : Fréderic Journès

- la directrice de la stratégie de la DAM-CEA : Céline Jurgensen

ainsi que cinq personnalités qualifiées :

- Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales (Ifri)

- Bruno Racine, président de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Membre de la Cour des comptes, il avait conseillé le candidat Juppé sur ces questions.

- Bernard Bajolet, ancien directeur de la DGSE

- Frédérick Douzet, de la chaire Castex de cyberstratégie

- Hervé Guillou, PDG de Naval Group (ex-DNCS) et président du Cidef - représentant les industries.

Ce comité de rédaction procédera à de « larges auditions » et s’installera à Balard; les séances pleinières se tenant chaque jeudi. Il doit rendre son document d’une cinquantaine de pages pour le 1er octobre prochain. D’importants travaux ont déjà été effectués en amont, au sein de l’EMA et la DGRIS.

Cette revue stratégique devra redéfinir « le nouveau contexte stratégique, hierarchiser nos intérêtes nationaux et préciser les ambitions de la France, dans un cadre européen ».



Cette revue stratégique est moins ambitieuse que les deux précédents Livres blancs de 2008 et 2013. « Il s’agit d’aller vite afin de préparer la prochaine Loi de programmation militaire » explique-t-on au ministère des armées. L’objectif est de présenter la LPM (2019-2025) au premier trimestre 2018, pour une adoption avant l’été. Le document sera « placé sous la responsabilité de la ministre des armées, remis au président de la République et validé en conseil de défense », début octobre. Le texte, public, sera « partagé » avec le Parlement sous une forme qui reste à définir.

Au ministère des armées, on indique que « la dissuasion ne sera pas traitée en tant que telle », le sujet relevant traditionnellement d’un discours du chef de l’État. Mais « l’articulation de la politique de défense avec la stratégie de défense » le sera. Même limitation sur la question du « territoire national », les questions de sécurité intérieure n’étant abordé qu’en lien avec l’implication du ministère des armées. La « dimension européenne » sera mise en valeur, ainsi que « l’approche globale de la prévention des crises ».

En revanche, les aspects capacitaires ne seront pas abordés et seront l’objet de la LPM. « Nous ne rentrerons pas dans la granularité » des équipements et des effectifs, indique une source informée. Toutefois, la question du « contrat opérationnel » des armées sera examinée, dans la mesure où les contrats fixés par le précédent Livre blanc ont été largement dépassés. La pertinence de la notion de « contrats opérationnels » pourrait faire l’objet de discussion au sein du comité.

Par rapport au LB de 2013, plusieurs choses ont changé : « la menace terroriste au cœur des villes européennes », « la stratégie de puissance » de certains États, dont la crise ukrainienne fournit une illustration, le développement des « menaces cyber » ou « l’incertitude chez les partenaires clés » que sont le Royaume-Uni (Brexit) et les Etats-Unis (Trump). Mais si le nouveau contexte est marqué par des « risques », il l’est aussi par des « opportunités » en particulier l’Europe et le numérique.

(source : http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/arnaud-danjean-est-charge-revue-strategique-130003)