par Laurent Lagneau
Au sommet de l’Otan organisé à Newport (Pays de Galles) en septembre 2014, il a été fixé aux États membres l’objectif de consacrer à leur effort de défense 2% de leur PIB d’ici 2025. Et rares sont les pays à être actuellement dans les clous…
S’agissant de la France, ses dépenses militaires, d’un montant total de 31,4 milliards d’euros (hors pensions), représentaient 1,52% de son PIB en 2013. Et ce n’est évidemment pas la hausse de 700 millions d’euros prévue cette année qui permettra d’atteindre la norme fixée par l’Otan.
Pour autant, l’évolution du contexte géostratégique, marquée par une « menace terroriste militarisée » incarnée par Daesh (mais pas seulement), la réapparition de tensions sur le continent européen et la remise en cause de l’avantage technologique des forces occidentales, pourrait conduire le gouvernement français à revoir ses priorités budgétaires.
En tout cas, pour le chef d’état-major des armées (CEMA), le général Pierre de Villiers, il est essentiel qu’il y ait une adéquation entre les menaces, les missions et les moyens.
« La débrouillardise à la française a en effet atteint ses limites. Si on me donne une mission supplémentaire, je demande les moyens correspondants ou bien j’en annule une autre », avait-il récemment lancé lors d’une audition parlementaire.
Faute de cette adéquation menaces/missions/moyens, tout ce qui a été entrepris pour maintenir un modèle d’armée complet, via les différents plans de transformation lancés par les 3 armées, risqueraient d’être compromis…. Et leur capacité de répondre aux défis des prochaines années s’en trouverait compromise.
Aussi, lors des voeux qu’il a adressés à son état-major, le général de Villiers a laissé entendre que l’effort consenti par la France pour sa défense atteindrait sans doute la norme fixée par l’Otan plus tôt que prévu.
"L’enjeu est le maintien d’un modèle complet d’armée et du nécessaire équilibre entre les fonctions stratégiques; l’objectif est celui de 2% du PIB pour le budget de la défense […] probablement dans un calendrier plus court que 2025", a en effet affirmé le CEMA. En tout cas, une telle perspective n’est pas pour tout de suite. Il reviendra à la prochaine Loi de programmation militaire de tracer une trajectoire financière conforme à la norme budgétaire de l’Otan. Dans quel état seront les finances du pays à ce moment là ? Quel gouvernement sera en place ? Et avec quelle majorité ?