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lundi

Inflexion de la LPM : Jean-Yves Le Drian veut ouvrir cinq chantiers



La Loi de programmation militaire, on le sait, va être actualisée en juin, "pour adapter l’organisation des armées […] et leur permettre d’apporter une protection adaptée à l’évolution des menaces et aux besoins de protection des Français", comme l'a dit François Hollande ce matin.

Le Parlement débattra, doctement mais fermement certainement, puis votera sans aucun doute le lancement du chantier, certes annoncé dès 2013 mais accéléré par l’évolution de la situation intérieure/extérieure (Ops Barkhane où les effectifs vont être légèrement renforcés, Sangaris, Chammal et Sentinelle) et les besoins accrus de la Défense.

Il ne s’agit pas de détricoter la LPM mais de retricoter les armées, et en particulier l’armée de terre. Jean-Yves Le Drian, qui assure avoir "le nez dans le guidon sur les affaires de défense", le rappelle: "Les fondamentaux restent là".

Pour autant, il est bien décidé à initier "cinq inflexions".



1- Les effectifs. 10 200 militaires sont actuellement déployés en opex et 7 000 en métropole dans le cadre de Sentinelle (avec ceux de "Vigipirate historique" et du soutien, on arrive à 10 000 hommes, pour surveiller 682 sites. Le niveau actuel devrait rester stable jusqu’au 1er juillet au moins).
Eh oui, le contrat opérationnel est largement dépassé ; d’où l’urgence d’une inflexion dans ce domaine-là. "Il faut revoir la trajectoire des effectifs pour tenir compte du très haut niveau d’engagement des armées", martèle JYLD.
Cette première inflexion ira au-delà le moratoire sur la réduction des réductions d'effectifs (7500 postes sauvegardés) annoncé par François Hollande lors de ses vœux. Mais JYLD se refuse à avancer un chiffre.
Seule certitude : c’est l’armée de terre qui va en profiter. D’ailleurs, le modèle "Armée de terre" est en cours de redéfinition dans le cadre du chantier "au contact".

2- Adapter les priorités. Même si le ministre refuse de détailler les mesures, l’orientation est clairement au renforcement. Et il interviendra dans les domaines suivants: forces spéciales, drones, cyber et renseignement( moyen ISR en particulier).

3- Equiper. Le ministre entend "lever les hypothèques sur certains équipements (Rafale par exemple). Il veut aussi s’assurer que les bons engagements seront tenus (sur les drones par exemple dont trois nouveaux exemplaires seront commandés "à l’été").
Parmi les urgences qui tiennent à cœur à JYLD: les hélicoptères. D’où "un plan spécifique pour des hélicoptères de manœuvres" (de quoi ravir Airbus D&S).

4- Des ressources financières. L’urgence est toujours de crédibiliser les ressources financières nécessaires à la LPM. Il s’agit d’être "au rendez-vous des 31,4 milliards" et pour cela, les sociétés de projet sont vitales (deux SdP, sans partenaires privés ou étrangers, sont envisagées, l’une pour les Fremm, l’autre pour les Atlas). Reste que les inflexions anticipées auront un coût, surtout (et JYLD le reconnaît) si le périmètre des effectifs s’élargit. Le futur débat au Parlement risque donc de porter, non pas sur l'opportunité du renforcement, mais sur les fameuses REX qui permettraient de boucler le budget de la Défense mais dont l'incertitude le plombe plus que tout.

5- Association. Suite à l’arrêt de la CEDH, le ministère veut combler "le vide juridique" en reconnaissant des associations au niveau national.
Sera précisée aussi dans la LPM infléchie la question de l’éligibilité des militaires (aux élections municipales en particulier).